Rencontre avec Tareq OUBROU

En marge de la rencontre nationale des imams, les 12 et 13 mars 2011, à Paris, j’ai eu l’honneur et le plaisir de discuter avec l’Imam Tareq OUBROU. Tareq OUBROU a une expérience de terrain très profonde avec les acteurs musulmans de tout bord. Il a acquis une connaissance approfondie des sciences religieuses et s’est très imprégné de la culture française. J’ai trouvé en lui un homme à la pensée vive et pertinente quant à l’Islam de France, la présence musulmane et surtout le rôle des imams et des prédicateurs. J’ai trouvé en lui aussi un homme très spirituel, assez calme et économe de ses paroles.

J’avais apprécié la lecture de son livre : Profession imâm où il présente sa vision du rôle des imams mais aussi de la façon dont on doit traiter de la pratique religieuse en France, ce qu’il appelle l’orthopraxie. Une pratique fidèle mais surtout se fondant dans le contexte culturel où elle sévit.

Ma première question était concernant ses écrits et son discours, et de la complexité des termes utilisés, qui étaient incompréhensibles pour le musulman commun. En effet, me dit-il, ce n’est pas pour compliquer le discours, mais ce sont des terminologies existantes et qu’il faisait rarement des néologismes. Le problème se pose en terme de niveau de culture générale qu’un musulman doit acquérir. L’islam exige de chacun d’entre nous une élévation, aussi bien spirituelle, que culturelle. Et en tant que chercheur et érudit, l’utilisation de terminologies propre à la science concernée est comprise dans les sphères scientifiques.

Je l’ai interpelé aussi sur sa présentation de l’Islam, qui était minimaliste et qu’aux yeux d’un certains nombre de musulmans, il devenait très laxiste dans ses propos. Le frère Tareq, me fit remarquer que l’Islam ne s’adresse pas à une élite particulière. Chaque musulman doit pouvoir s’y retrouver avec la pratique religieuse qu’il peut faire selon ses conditions familiales, de travail, sociale et autre, tant qu’il reste dans la sphère de la foi et ne transgressant pas les limites précises dans les enseignements du Coran et la tradition prophétique. L’islam, dans son esprit et son essence même doit apporter la sérénité et la paix et non la gêne comme précisé d’ailleurs dans le saint Coran.

En effet, je me rappelais du hadith du Prophète (PSL) rapporté par Mouslim, où un homme vint demander au prophète : « Vois-tu si j’accomplissais uniquement mes prières prescrites (5 prières rituelles) et que je jeûnais uniquement le mois de ramadan, que je faisais le halal, et que je m’interdisait le haram, entrerais-je au Paradis. » Le prophète répondit : « oui ».

L’important est la sincérité des intentions, qui représente le visa des actions auprès de Dieu.

Puis, Tareq OUBROU ajouta une chose, et que j’aimerais partager avec vous. On fait attention beaucoup à des points relevant du détail de la pratique religieuse comme la longueur de la barbe ou la taille du pantalon, mais on se permet de mal se comporter, de mentir, d’espionner, de porter de la rancune, de jalouser, de calomnier, de médire alors, que la raison même de l’envoi du Prophète (PSL) et sa mission première était la réforme du comportement. Le prophète (PSL) n’a-t-il pas décrit lui-même sa mission : « Certes, je n’ai été envoyé que pour parfaire les nobles caractères. » La prière elle-même doit résulter dans un bon comportement. Le prophète (PSL) nous enseigne : « Celui dont la prière ne lui interdit pas le mal, c’est comme s’il n’avait pas prié« .

Je pense qu’aujourd’hui, nous avons besoin justement d’améliorer notre comportement car c’est le véhicule des valeurs de l’Islam. Et si l’image de l’Islam est ternie, ce n’est pas de sa faute, mais la responsabilité incombe à ceux qui le portent mais qui le défigurent.

C’était un moment très fraternel que j’ai eu à partager ces quelques mots avec notre frère l’Imam Tareq OUBROU, en espérant avoir l’occassion de discuter plus longtemps et sur des sujets peut-être que vous me soumettrez.

Qu’Allah vous bénisse et nous guide vers le bien.